gemmers ◈ whole new kind of bitch.

« Okay sailor, je veux divorcer. » L’homme n’eut même pas le temps de lever les yeux de son journal qu’une sulfureuse brune le lui arracha brutalement des mains. Il restait là, à l’observer, les sourcils haussés. Un divorce…Qu’est-ce qu’elle lui chantait, encore ? Après le placenta, le divorce était sa nouvelle lubie. Hmm. Soit sa femme s’ennuyait royalement à ses côtés pour penser des choses pareilles, soit elle était encore plus crétine que ce que Ben pensait. « Un divorce…Ma compagnie t’irrite-t-elle à ce point ? » Il arborait un sourire en coin, en savourant ses paroles pleines de sarcasme. Bonnie, elle, sa délicate épouse depuis trois ans déjà, l’observait les bras croisés, son regard noir implanté dans le sien, comme prête à le tuer. Ou à lui sauter dessus. Les deux se ressemblaient étrangement. « Ah. Ah. Ah. » Un rire tout bonnement détaché, un rire qu’elle-même, Bonnie Rutherford jugeait pitoyable. Ben savait parfaitement ce qui se passait. « Et en plus, tu vas faire semblant jusqu’au bout. Mais ne t’inquiète pas, amour de ma vie, j’ai des preuves. » Une main dans ses longs cheveux bruns, l’autre prenant place sur sa hanche telle un mannequin en pleine séance phot et un claquement de doigt qui provoqua l’entrée d’un de leurs domestiques dont elle avait encore oublié le nom. « Merci, Albert. » « Francis, madame. Je vous en prie. » « Merci, Albert. » Albert, Francis, peu importait, monsieur semblait jouer sur les mots. Et en plus de ça, il la décrédibilisait devant son époux qui l’observait sans rien dire mais qui, pourtant, semblait particulièrement amusé par la bêtise de sa femme. Albert sortit donc du bureau de son employeur et laissa une petite table roulante devant la table design de Rutherford mâle. Bonnie prit place devant et s’empara du premier objet, à savoir une plaquette contenant des comprimés. « Qu’est-ce que c’est ? » « Ta pilule ? » « En apparence. Un petit malin s’est amusé à les remplacer par des bonbons. » Ben acquiesça d’un signe de tête et de ses mains, se dédouana de tout rapport avec sa personne. Bonnie, elle, reposa l’objet avant de prendre le deuxième, un calendrier électronique étrangement vendu par une marque de tests de grossesse. « Un calendrier, qui en plus de recenser les dates de mes menstruations, calcule également mes périodes d’ovulation. Ça te parle ? » Silence. L’homme se redressa dans son fauteuil et s’avança, prêt à parler. « Pour ma défense, tu es exécrable durant ces périodes. J’ai besoin d’un outil pour me prévenir qu’il y a danger si je dois te demander quelque chose. » La jeune femme afficha une expression bouche bée mais gardait ses yeux revolvers. L’ensemble n’était pas très harmonieux, en tout cas. Elle déposa l’objet sur la table et laissa sa main, ses ongles cogner docilement contre le métal de la table. Inspecteur Bonnie au rapport. « Alors puisque tu tiens tant à mes hormones, pourquoi fais-tu servir, durant ces périodes, des plats à base d’aliments réputés pour être aphrodisiaques ? » Une nouvelle fois, Ben haussa les épaules, l’air de dire qu’il ne commandait pas les repas qu’on leur servait. « Oh mais attends. A moins que mon tendre époux veuille me faire tomber enceinte une deuxième fois pour satisfaire ses envies mégalomanes d’avoir un petit héritier pour que l’empreinte Rutherford persiste à travers les siècles. » « Je suis démasqué. C’est pour ça que tu veux divorcer ? » « Oui. Hors de question que je sois ton utérus sur pattes, nous avons déjà mis ça au clair. » Bonnie se tenait maintenant devant le bureau, ses poings fermement maintenus sur la table pour justifier de sa puissance. Son mari ne décollait pas, son visage impassible et son sourire narquois, fasciné par le culot de cette femme.  « Donc, j’ai déjà tout prévu. J’ai la garde exclusive d’Octavia, tu as des droits de visite. J’ai droit à une pension mensuelle qui s’élève à dix mille pounds et je reprends mon nom de jeune fille. » « Je n’ai pas le choix, pas mon mot à dire ? » « Oh Ben, ne me dit pas que tu vas pleurer les larmes de ton corps parce que tu n’auras pas le loisir d’observer mon si beau visage le matin à ton réveil. » Ledit Ben ne put s’empêcher de réprimer un rire sonore. Il se redressa, contourna le bureau d’un pas lent et arriva à la hauteur de Bonnie, qu’il fit pivoter pour la mettre face à lui, dos à la table. « Question subsidiaire. » La jeune femme lui servit son regard à moitié blasé, à moitié interrogateur. « Est-ce qu’on couchera toujours ensemble, même divorcés ? » « Quelle question, bien sûr que oui. » « Parfait. Allons divorcer. » Et sans attendre une seconde de plus, l’homme fondit sur son épouse tout en prenant soin de l’embrasser langoureusement. Bien évidemment, s’il avait choisi de la mettre dos à son bureau, c’était bien pour une raison précise.