II. CARPE SOME FUCKING DIEM Caractère de feu et répartie aussi aiguisée qu'une lame de rasoir. Elle manie la verve avec habileté et n'hésite pas à attaquer là où ça fait mal. Elle a l'humour noir et s'amuse de tout. C'est vrai qu'elle a un petit côté moqueur sans toutefois être une vraie méchante, ou tout du moins elle ne veut pas être méchante sauf si on l‘attaque bien sûr, mais elle aime lancer des piques, jouer au chat et à la souris avec les mots comme seule arme. Elle aime critiquer ces filles qui paraissent parfaites, sans le moindre défaut par pure jalousie, oui elle est jalouse, et possessive aussi, même si, paradoxalement, elle n'aime pas les gens possessifs. ◈ Alienor n'aime pas les gens qui sont tactiles avec elle alors qu'elle ne les connait pas. Pire que tout, n’essayez pas de la chatouiller. ◈ Norrie elle a grandit au sein d'une famille aristocratique bercée dans la religion, protégée de la noirceur du monde. La brunette est une enfant sage, jamais un mot ou un pas de travers, une machine à rendre fiers ses parents. Elle dissimule avec habileté un rêve de liberté bien trop grand pour elle. Elle aimerait se libérer du carcan oppressant des obligations, tout envoyer balader. Alors, elle se lâche lors de soirées démesurées, ces soirées de gosses de riches désabusés qui ont besoin de paradis artificiels pour se sentir exister. Et une fois à la maison, elle revêtit son costume de fille modèle. Elle doit être un brin bipolaire pour jouer autant sur les deux tableaux mais son père est le Lord Chancelier alors autant dire qu'elle n'a pas le droit à l'erreur. ◈ Norrie, elle aimerait vivre de son art, la peinture. C'est un bien beau rêve mais plutôt irréaliste, ceci dit elle n'a jamais été du genre à avoir les pieds sur terre. Depuis toute petite, elle se réfugie dans le dessin, la peinture a été une suite logique. D'ailleurs elle a toujours un carnet sur elle où elle gribouille tout ce qui lui passe par la tête. Personne n'a jamais eu le droit de regarder ce qu'il y a à l'intérieur, elle pourrait vous arracher les yeux pour un tel blasphème. Tout comme l'entrée de son atelier qui est toujours fermé à double tours. ◈ Elle est d'une humeur terrible au réveil. La tête dans le brouillard, elle marche au radar en grommelant. Ce n'est pas la peine de lui adresser la parole tant qu'elle n'a pas avalé son premier café, vous risqueriez de vous faire renvoyer paitre. ◈ Cette nana là, c’est surtout une poupée désabusée, désarticulée par sa vie. Il faut dire ce qui est, elle s’emmerde profondément, elle cherche le grand frisson, ce qui la ferait vibrer. Quand elle se perd dans ses pensées, elle rêve de voyages et de milles aventures ◈ Elle n’a jamais dit « je t’aime » et ce n’est pas prêt d’arriver, c‘est une handicapée du sentiment, une coincée de l’affectif. ◈ Norrie, elle est belle et elle le sait, elle n'est pas narcissique, mais elle sait jouer de son physique, elle sait que sa bouille d’ange et son corps de rêve peuvent lui ouvrir des portes. Alors elle en joue, surjoue, minaude, bat des cils en faisant des yeux de velours et fait la moue parfois, tous les moyens sont bons pour obtenir ce qu’elle veut. ◈ Lorsqu'elle est nerveuse elle se mordille la lèvre inférieure ou joue avec ses cheveux. Et quand elle est fatiguée, elle devient pénible et capricieuse. ◈ Elle déteste qu'on lui coupe la parole. ◈ Elle ne se sent pas très à l'aise avec les enfants. ◈ Alienor ne sait jamais où elle a rangé ses clés.
III. PEOPLE LIKE US DON'T MAKE MISTAKES. Il paraît que Alienor Cavendish est une petite veinarde... il paraît que l'histoire de sa vie devrait commencer par 'il était une fois...'. C'est une blague ? Sa vie n'a rien du conte de fée. Pourtant si on ne se penche pas trop dessus, ça y ressemble. Une famille aristocratique, papa grand homme politique anglais récemment promu au rang de Lord Chancelier et maman a eu la bonne idée de naitre dans une famille riche se refilant l'agence de pub internationalement connue de la famille. Donc, si on creuse un peu, on découvre que la demoiselle est le résultat d'un mariage arrangé. Pas la meilleure façon de venir au monde, effectivement. Ses parents ne se sont jamais aimés, elle en a parfaitement conscience. Son enfance a été rythmée par des brunchs entre gens de la haute société, des repas interminables avec quatre mille couverts différents, des soirées pleines de sourires sonnant totalement faux. Elle a été une petite fille très docile quoiqu'un peu étrange. Elle a vite appris les bonnes manières qu'on attendait d'elle, fillette très sage, souriante, des yeux pétillants de malice et très polie pour couronner le tout. Alienor aurait dû être une vraie fierté pour ses parents s’ils n'en avaient pas eu tellement rien à foutre, elle était le parfait copié collé de toutes les autres gamines de leurs amis. Par-dessus ça, son intelligence s'est développée rapidement également, elle était en avance sur tout, ses premiers pas, ses premiers mots, elle a toujours été curieuse des choses de la vie, le fait de poser plein de question lui a permis de se forger une solide culture générale. Ouais … ça c’est le sommet de l'iceberg les gars … Quand on regarde en dessous qu'est ce qu'il y a ? Première clope à 12 ans, première cuite à 14 ans, premier joint à 15 ans et premier rail de cocaïne à 16 ans … Et ouais, ça se passe comme ça quand on est de la haute. Tout va très vite, on a besoin de toujours plus pour espérer ressentir un peu quelque chose, on teste tout. Les joies de la jeunesse dorée …
Cette soirée est ennuyeuse à mourir, un gala de charité à l’image de tous les autres où le paraitre prend le pas sur tout le reste. Coupe de champagne à la main, Alienor prône une mine boudeuse qui lui va si bien. Soudainement, quelque chose lui redonne le sourire, elle voit Leslie fendre la foule, accompagné de son éternelle Alisya. Elle se dit que, finalement, cette soirée risque d’être intéressante par la simple présence du jeune homme dans les parages. C’est marrant le destin parfois. Jamais elle n’aurait osé penser qu’elle retomberait un jour sur Leslie Chomsky. Ce nom ne vous dit peut être rien, il n’est pas recensé dans la haute, ce type est une grosse incruste comme certains autres. A la base, ils n’ont rien en commun, si ce n’est une connaissance lointaine qui les a un jour présenté. Ils se sont immédiatement détestés, trop de méconnaissances, trop de préjugés, trop de méfiance… Il était donc normal qu’Alienor pense qu’elle ne reverrait jamais ce type. Et voilà que maintenant elle avait fait un 180 degrés et qu’elle l’aidait même à s’incruster dans les soirées hypes de l’aristocratie britannique. Norrie le regarde discuter avec une des bourgeoises du coin, de son allure féline, elle se rapproche du duo, arrivée derrière lui elle lui chuchote à l’oreille,
« Je ne savais pas qu’ils acceptaient les bouseux dans le coin. » Alienor jette un regard à la fille avec qui il parlait pour qu’elle s’en aille, Leslie se retourne vers elle en lui jetant un regard faussement dédaigneux,
« Y’a pas une blacklist pour les pimbèches de ton genre ? » Alienor hausse les épaules avec un léger sourire sur les lèvres. La jeune femme fait mine de regarder autour d'elle,
"Alors qui est ta victime ce soir ?" Elle est parfaitement au courant de son petit arrangement avec Alisya, elle en a été victime elle aussi, sauf qu'à l'inverse des autres elle était une victime consentante, parfaitement consciente de n'être que le pari du soir. Mais après tout, il faut être réaliste, peu de femmes peuvent dire non à Leslie. Alors, maintenant que sa pulsion était assouvi, pourquoi elle continuait à aller vers lui. Norrie, c'est le genre de nana qui se lasse vite des choses et des gens, elle est en perpétuelle quète de nouveauté, de nouvelles sensations, et, surtout, avec leur passif, on est en droit de se demander ce qui les pousse à aller l'un vers l'autre. Ce genre de question, elle les esquivent rapidement, elles pourraient vite mener à des réponses qu'elle ne veut pas connaitre. Leslie hausse les épaules, l'air nonchalemment arrogant,
"Je ne sais pas encore... Peu importe, vous vous ressemblez toutes dans ce milieu." Elle a soudainement l'impression qu'il la défie du regard,
"Ca transpire la superficialité dans le coin." Alienor affiche une moue boudeuse avant d'esquisser un sourire,
"La superficialité a parfois du bon." Elle attrape le jeune homme par l'avant bras,
"Suis moi." Sans attendre sa réponse, elle fend la foule, entrainant Leslie avec elle. En silence, bien qu'elle sente l'interrogation planante de Leslie, elle marche dans les couloirs d'un pas assuré avant de, finalement s'arréter devant une porte.
"La vraie soirée peut commencer." Elle entre dans la pièce et allume la lumière. Tous les deux se retrouvent devant un bar ... oui oui il y a un deuxième bar dans ce batiment, les riches ne savent plus quoi inventer. Ni une, ni deux, Norrie vire ses Louboutins d'un geste nonchalant, sans attendre la réaction de Leslie, elle se précipite vers le bar et monte debout dessus. Elle se met à danser dessus alors qu'il n'y a pas la moindre musique qui résonne dans la pièce. Leslie la regarde comme si elle était la dernière des cinglées,
"Quoi ? C'est pas comme ça qu'elles font les nanas de ton quartier?" Le jeune homme se rapproche, et se glisse derrière le bar visiblement à la recherche de quelque chose,
"Tu vas me payer cette offense Cavendish..." Sans qu'elle ait eu le temps de répliquer, Leslie sort une bouteille de champagne, la secoue, fait péter le bouchon et arrose allégrement la jeune femme qui, ne s'attendant pas à cette vile attaque, pousse un cri aigu. Une fois le torrent de champagne passé, Leslie boit une gorgée à la bouteille, visiblement fier de lui. Norrie arbore un air dépité, sa robe est détrempée, sa peau colle et elle sent le champagne à plein nez,
"Non mais j'ai l'air de quoi maintenant?" "T'as l'air de rien." répond Leslie alors qu'il s'empèche visiblement de rire. Alienor descend du bar et s'approche du jeune homme, elle saisit la bouteille pour en boire une gorgée avant de la poser sur le bar. Avant que Leslie n'ait eu le temps de réagir, elle passe ses mains derrière son cou et se colle à lui afin que le champagne s'imprègne sur ses vétements à lui.
Il se débat mollement, Norrie peut sentir son corps contre le sien et autant dire que le contact est loin d'être désagréable. Alienor se mordille la lèvre inférieure, se faisant tout à coup aguicheuse.
"Alors on fait quoi maintenant ?" Tentation.
« Alienor ? Il faut que tu viennes dans mon bureau immédiatement. », Norrie lève les yeux au plafond en entendant la voix de son père derrière la porte de son atelier, elle est en train de finaliser une peinture et souhaite seulement qu’on la laisse tranquille.
« Ouais je viendrais tout à l’heure. », elle a à peine le temps de finir sa phrase que son père lui répond de son ton autoritaire,
« Non c’est maintenant. » Alienor soupire, si son père vient lui-même la chercher jusque-là c’est que cela doit être vraiment important. La jeune femme sort de son atelier, son père se tient derrière la porte avec cet air sévère qui le caractérise. Il ne dit rien, il commence juste à avancer en direction de son bureau. Norrie soupire et lui emboite le pas.
« Tu connais déjà Mr Lambton je suppose … ». Le regard de la jeune femme se tourne vers un jeune homme assis sur un fauteuil du bureau. Elle fronce les sourcils, le connaitre est un grand mot, c’était juste un coup d’un soir mais ça elle n’allait pas le dire devant le paternel,
« Hin hin… ». Où est ce qu’il veut en venir ? Surtout que le père Lampton est présent aussi.
« On a un gros souci Alienor. ». Son père a l’air sérieux et elle n’aime pas ça, quand il prend cet air grave, elle a l’impression de redevenir une petite fille fragile, sans défense, obligée de plier, elle déteste cette sensation. Son père la fait se sentir faible. Elle ne répond rien , elle attend la suite.
« J’ai reçu une clé USB de façon anonyme et imagine ma surprise quand j’y ai découvert une video de ma propre fille en plein ébat avec Mr Lampton ici présent. » Norrie en reste bouche bée, elle tourne la tête vers Marcus Lampton.
« C’est toi qui a balancé ça. » Le fameux Marcus lève les yeux au plafond,
« Bien sur que non. » Norrie allait répliquer de façon cinglante comme à son habitude mais son père lui coupe déjà la parole
« Assis toi Alienor. » La jeune femme s’exécute et s’installe sur un fauteuil.
«La solution est simple, Mr Lampton père et moi avons pris une grande décision pour amoindrir cet affligeant scandale." Papa Cavendish arbore cet espèce de petit sourire narquois qui a toujours débecté la jeune femme, ce sourire qui n'annonce rien de bon.
«Marcus ... Alienor... Félicitations, vous allez vous marier. » Norrie en reste bouche bée, cette annonce fait monter en elle ce sentiment de rébellion qu'elle réprime depuis si longtemps. Elle jette un coup d'oeil à Marcus, celui ci a un air résigné sur le visage. Espèce de faible. Alienor se lève d'un bond de son fauteuil, la machoire crispée, la colère l'anime, elle refuse juste qu'on la mette en cage.
«C'est hors de question.» Son père hausse un sourcil,
«Comme si tu avais le choix jeune fille... » Le coeur d'Alienor bat à tout rompre, elle n'est plus qu'adrénaline,
« Tu ne peux pas m'obliger à ça. » Mr Cavendish ne semble pas d'accord avec cette phrase, il est de ces hommes à qui le pouvoir fait penser qu'il a tous les droits. Il ne l'écoute pas,
« Nos avocats ici présents vont se pencher sur un contrat de mariage et, surtout, vont tout faire pour limiter les dégats de cette sordides videos. » «Mais... », Mr Candish lui coupe instantanément la paroles,
« Ce sera tout Alienor », il referme un dossier sur son bureau, comme pour se donner une contenance, il regarde tout à tour, sa fille et Marcus,
« Vous pouvez disposer. ». Alienor aurait presque envie de pleurer sa rage, ce sentiment d’injustice, mais elle ne craquera pas devant lui. Elle se lève, tête haute et sort de la pièce. Elle fait quelques pas aux cotés de Marcus dans le couloir. L’espace de quelques secondes Norrie préfère même se dire que c’est la faute de Leslie. Bah quoi ? C’est vrai non ? Si il l’avait pas renvoyé bouler ce soir là, si il n’avait pas été aussi distant, si il ne lui avait pas dit d’aller roucouler avec des fils à papa – provocation qu’elle a pris au pied de la lettre pour le provoquer à son tour – alors rien de tout ceci ne serait arrivé. Alienor s’arrête dans sa marche, avant de pousser Marcus,
« Mais pourquoi tu dis rien toi ? », il a presque l’air surpris de cette agression, tant de passivité met les nerfs de la belle en rogne.
« Qu’est ce que tu veux que je te dise ? On a un rôle à jouer qui vient avec notre rang c’est tout. » Norrie ne comprend pas ce discours, jamais elle ne pourrait penser comme ça.
« Un rôle ? On parle d’un mariage là, tu es prêt à rester coincer toute ta putain de vie avec moi ? On se connait à peine ! » Marcus soupire,
« Toi ou une autre peu importe… », il hausse un sourcil,
« remarque, avec toi je suis sûr de ne pas m’ennuyer. » Sur cette phrase, le jeune homme s’éloigne, il embarque sa foutue passivité et se barre comme ça. Alienor se sent tellement seule à ce moment-là, seule dans sa colère, dans son incompréhension, seule dans son combat. La brune n’a jamais connu l’amour mais ce n’est pas pour ça qu’il y a renoncé, cette idée de mariage arrangé est juste gerbante. Le souffle coupé par ses émotions, elle se met à courir dans les couloirs de l’habitation jusqu’à arriver devant une porte. Tremblante elle attrape la chaine autour de son cou où pend une clé qu’elle insère difficilement dans la serrure. La jeune femme entre dans la pièce et referme à double tour derrière elle, c’est son atelier, son fief, son petit coin de liberté. Elle regarde ses toiles, avant d’en attraper une de la jeter au sol et de la piétiner comme pour exorciser ce qu’il vient de se passer. Elle finit par attraper un coussin du canapé, enfonce sa tête dedans pour pouvoir hurler à plein poumons. Son corps, son cœur, son âme, elle a l’impression que tout va péter…